Méditation

Kenji s'était mis de profil par rapport à Nicolas pendant son petit rafraichissement. Il attendait la question de Nicolas au quart de tour, il était obligatoire qu'elle tombe. Il tourna la tête vers lui avec un sourire taquin. Il revint face à Nicolas et plaça sa main contre le mur tout près de lui. Le visage à quelque millimètres du sien il lança avec une voix douce. Dragueur contre le mur, numéro typique et connu par coeur de son exécuteur.

- Je pense, beau gosse, que tu penses que tu es tout rouge, gêné, et que ça te dérange que je te qualifie de mignon... N'ai-je pas raison ?

Avantage, Kenji était un tout petit peu plus grand que Nicolas (Petite pensée à ce pauvre garçon qui doit supporter notre Ignien) et il pouvait par conséquent plonger son regard dans le sien. Kenji était intérieurement mort de rire, mais rien n'en paraissait évidemment. Sinon ce serait pas drole.

Un grand sourire apparut sur le visage de Nicolas. Il venait de comprendre que Kenji le draguait, maintenant ouvertement -avant c'était tout aussi clair mais Nicolas n'avait juste rien remarqué-, il regarda Kenji un moment puis, posant la main sur le torse de ce dernier, le poussa, pas violemment mais assez fort pour le faire reculer. Sans perdre son sourire et sa main se recouvrant d'une gangue de glace il ajouta :

Perdu, mais je te déconseille de continuer de me draguer, j'ai pas envie d'avoir à refroidir tes ardeurs.

Nicolas devait admettre que la situation l'amusait maintenant qu'il avait compris. Mais il fallait reconnaître aussi qu'il était réellement prêt à "refroidir" au sens propre du terme les ardeurs de Kenji.

Kenji fut un peu surpris de se sentir poussé en arrière. C'est avec un regard étonné qu'il regarda la main de Nicolas se refroidir. C'est alors que le jeune Irlandais commença à trembler; une main devant la bouche, les paupières refermées sur ses yeux... Et il éclata de rire, se courbant en avant avec une main sur les abdominaux. Vous avez bien compris, il était littéralement mort de rire. Il n'avait plus de raison de jouer la comédie ou de se retenir, alors tout ce qu'il condensait en lui depuis tout à l'heure était en train de s'échapper. Il tenta de reprendre son calme et essuyant une larme d'un léger coup de gant, il fixa Nicolas avec un large sourire aux lèvres.

- Tu peux pas savoir à quel point t'étais mimi avec tes joues toutes rouges.

Il faillit repartir dans une crise de rire mais il se retint du mieux qu'il put et toussota.

- Excuse moi c'est une de mes manière d'aborder les gens. C'est tellement marrant de voir des hétéros balbutier. Tous pareils, j'vous jure... Le prend pas mal hein.

Nicolas fut un peu surpris de voir Kenji éclater de rire... Mais quand celui-ci déclara que Nicolas était mignon avec les joues rouges ce fut lui qui eût à se retenir. Et de même, quand il expliqua pourquoi il l'avait dragué, Nicolas éclata de rire. Une fois la crise passée, il déclara, riant encore mais pas au point d'en pleurer comme précédemment :

J'imagine bien, oui ! il rit un peu puis ajouta, C'est original au moins ta manière d'aborder les gens. Il essuya ses yeux encore larmoyants et demanda plus calmement :

On va peut-être pouvoir reprendre la conversation sans que j'aie l'impression que tu veux me sauter dessus maintenant ?

Kenji sourit et fut content de voir que Nicolas était un minimum déjanté, juste assez pour comprendre ses délires délirants délirés. En guise de réponse à la question de Nicolas, il envoya une réplique simple mais claire

- Bien sûr, jusqu'à ce qu'un beau gosse traverse le parc. Plus sérieusement, je ne peux pas lire dans les esprits, je sais pas comment j'ai fais ça.

Kenji joignit ses mains et les leva pour s'étirer les bras. Vivement qu'il y ait plus de gens dans cet internat. Il finirai bien par trouver un autre confrère d'orientation sexuelle pour se brancher... Non ? En tout cas son premier coup était assez marrant. Il espérait que les autres seraient tous aussi amusants et qu'aucun ne tournerait à la catastrophe... Le connaissait, c'était fortement possible que ça arrive, trop fortement.

Nicolas sourit puis déclara simplement avec un sourire.

Ça marche au moins quand un passera je t'aurais plus sur les bras. Et sinon tu m'as pas dit, t'es en quelle classe ?

Bah oui, il reprenait la conversation ! Puis il espérait ne pas s'être fait draguer par un gamin de seconde qui, de plus, est plus grand que lui même si c'est de peu. En tout cas maintenant il pouvait penser n'importe quoi, il savait que l'ignien ne pouvait pas lire ses pensées. Et ça le soulageait un peu d'ailleurs...

Kenji caricatura l'homme vexé en croisant les bras et en fronçant les sourcils. Le tout s'accompagnant d'un léger "Mais euh" marmonné à voix haute. Un soupire puis un retour à la normal avec un léger rire. Au moins il ne s'ennuierait pas trop avec un camarade de classe pareil... Camarade de classe d'ailleurs ? Kenji aimerait bien que Nicolas soit dans sa classe.

- Je suis en 1^ère et toi ?

Kenji était assez pressé de voir comment se passait les cours ici. A tous les coups ce serait extrêmement marrant. Et de toute manière si ça ne l'était pas, l'Ignien se chargerait de mettre l'ambiance. Oh et à quoi ressembleront les professeurs? Seront ils aussi bizarre que les élèves ? Et puis seront ils mignons pour certains ? Il faut croire que toutes les pensées du jeune Irlandais sont obligées de se rattacher à ce genre de truc...

L'elfe aux cheveux rouges longeait le mur intérieur de la cour, son poignard entre les dents. Il s'était caché dans un buisson à l'arrivée du deuxième garçon et en avait marre d'attendre qu'ils partent pour pouvoir sortir tranquillement. Car enfin, il n'allait pas surgir du buisson l'air "coucou c'est moi !", c'était pas très discret ni très crédible comme entrée. Alfons essayait donc de rejoindre la porte la plus proche sans se faire remarquer.

Pourquoi tenir son poignard entre les dents alors ? Ce n'est pas plus discret ! Et bien, on dira "déformation professionnelle".

Il s'appliquait à ne faire aucun bruit, marchant sur la pointe des pieds, et ne bougeant pas trop vite pour que les deux garçons ne s'aperçoivent pas de sa présence. Malheureusement, le sort s'acharna sur notre pauvre elfe car ce dernier marcha sur sa longue cape bleue. Et glissa. Et se ramassa au sol avec fracas. Alfons grogna un juron.

Plus discret tu meurs.

En première ? Kenji était plus grand que lui alors qu'il avait un an de moins ? C'était pas possible ça ! Et en plus il s'était fait draguer par lui ! Il se renfrogna un peu et lâcha, limite à contrecoeur,

Moi je suis en termin... Mais il n'eût pas l'occasion de finir car un grand bruit l'interrompit, suivi de près par un juron d'ailleurs.... Chais pas pour toi mais moi je vais voir. Et il le fit, se déplaçant vers la sourc e de bruit pour y découvrir... un type affalé par terre dans une cape bleue...

Euh... Hrm... Ça va ?

La première chose qu'Alfons fit fut de récupérer son poignard pour le planquer dans sa botte. Heureusement, sa longue cape avait caché toute la scène. Il se releva brutalement, mais manque de pot, marchait toujours sur sa cape. Il perdit donc l'équilibre une nouvelle fois et se ramassa à nouveau. L'elfe se releva donc une deuxième fois, en prenant garde à ne pas remarcher sur sa fichue cape. Il tenta un sourire qui ressemblait plus à un sourire machiavélique qu'à autre chose -en tout cas ça se voyait que c'était forcé.

Errr... Tout du bien du monde.

On pouvait clairement distinguer un accent étranger dans son français bancal. On pouvait même dire un accent allemand. En tout cas, on voyait clairement qu'il était très gêné. Gêné de quoi ? Ben déjà d'être passé pour un abruti en marchant deux fois de suite sur sa cape...